Création: La sandale
Dans la perspective de ma toute première expo à Londres sur la Mer, j’ai retrouvé cette photo prise il y a quelques années. A l’époque, j’avais adoré l’espièglerie de cette petite fille !
J’avais déjà dans l’idée d’émailler les bouées et le maillot pour offrir un contraste de couleur ( bleu ciel de l’émail et gris bleuté foncé de la patine). L’ajout d’émail me permettrait aussi d’enrichir la sculpture d’un contraste de trois textures : le brillant de l’émail lisse s’opposant au satiné des corps et à la rugosité du sable.
Cette œuvre assez complexe nécessitait une terre fortement chamottée, comme la terre à Raku, qui puisse supporter un certain poids et offrir une meilleure tenue durant le travail ainsi qu’à la cuisson. La présence de la chamotte, tous ces petits morceaux d’argile déjà cuite ajoutés dans la terre, me permettrait aussi de jouer avec les grains et d’offrir, suivant la pression exercée dessus avec les outils, une surface lisse pour accueillir l’émail ou fortement rugueuse.
Pour l’homme, il a fallu bourrer le ventre de papier journal pour remplacer la terre et éviter l’effondrement continuel des jambes sous le poids du reste du corps. Cela permettait aussi d’alléger le poids de l’œuvre finale. On laisse un petit trou bien caché dans le ventre pour permettre à la fumée du journal qui brûle de s’échapper lors de la cuisson : ni vu ni connu ! Sans petit trou, explosion garantie…
Je n’avais pas cherché à faire les visages ni à m’attacher sur les détails pour essayer de garder au maximum la spontanéité de la scène.
Après un temps de séchage de plusieurs semaines où le séchage doit être le plus lent et le plus uniforme possible pour éviter que des parties fines ne se cassent, direction le four pour 20h de cuisson biscuit à 960° qui va permettre de stabiliser la terre avant la cuisson émail.
Ensuite vint l’opération délicate de l’émaillage : j’applique du Cirémail sur toutes les parties qui ne recevront pas l’émail. Cette cire de protection brûle à la cuisson.
Avec un pinceau, l’émail liquide ensuite est appliqué rapidement car il se transforme en poudre en quelques secondes. Il faut ensuite enlever avec une mini- brosse à dents toutes les coulures.
Puis, nouvelle cuisson de 20h à une température plus haute pour que l’émail fonde et soit bien nappé et bien lisse.
Arrive enfin l’étape de la patine : pour cette sculpture, j’avais choisi d’appliquer une peinture à l’huile diluée pour obtenir un gris profond contemporain et enfin une cire pour renforcer l’aspect satiné et protéger l’œuvre.
Voilà ! N’est-ce pas trop de détails ? et je ne suis pas sûre qu’il fasse donner ses recettes de cuisine, qu’en pensez-vous ?. Quand j’avais posé des questions techniques à une galeriste, elle m’avait répondu qu’elle ne pouvait pas répondre, qu’elle n’en savait rien d’ailleurs et que cela faisait partie du secret de l’artiste… je vous laisse prendre ce qui vous plaît et je veux bien que vous me disiez quelles quantités d’info vous voulez pour les autres questions. Et je vous fais confiance, car je vois bien que vous savez ce qui intéresse les gens…